Une concertation de deux jours s’est tenue à l’initiative de l’université d’Etat de Saint-Pétersbourg, de l’organisation russe des droits de l’homme Citizens' Watch et du Centre Simon Wiesenthal - Europe, réunissant des universitaires, des agents de police, des responsables du gouvernement local, des inspecteurs scolaires et un conseiller chargé de la jeunesse au sein de l’Eglise orthodoxe russe.

L’Unesco et la fondation éducative française Verbe et Lumière - Vigilance ont coparrainé la participation de :

- un expert polonais du racisme dans le football
- un observateur hollandais de la haine sur Internet
- un pasteur luthérien allemand qui s’occupe de la jeunesse
- un conseiller du gouvernement britannique sur les jeunes musulmans
- un ex-skinhead qui est maintenant consultant auprès de la police israélienne pour les problèmes de violence des jeunes.

Vingt étudiants de l’université d’Etat de Saint-Pétersbourg - des facultés de sociologie, psychologie, philosophie et journalisme - ont présenté les résultats de leurs recherches dans leurs disciplines respectives.

Un commissaire de police a expliqué comment les mouvements anglais et américain de la Suprématie blanche avaient influencé le développement des groupes néo-nazis russes dans le vide de l’après-communisme. Il a déclaré que "des petits délinquants sont devenus des meurtriers... le projet d’une attaque suicidaire de type djihadiste, d'occupation d’une école juive a échoué... Leur soutien aux extrémistes musulmans en Palestine, Pakistan et Irak est basé sur leur conviction que Hitler aurait d’abord ciblé les Juifs et les sionistes, avant de se tourner contre les Noirs et les yeux bridés..."

Une étude sur les liens néo-nazis russo-occidentaux a mis en lumière l'animosité, d’une part de l’extrême droite anglo-saxonne qui insulte les slaves, et des nationalistes russes, d’autre part, qui redéfinissent les slaves comme de véritables aryens.

Le vice-président de l’université d’Etat, Nikolai Skvortsov, a déclaré que "les assassinats de personnes de couleurs par les skinhead à Saint-Pétersbourg sont en progression exponentielle", et que "l’Université a créé un comité des victimes de la violence qui collabore avec les chercheurs".

Le président de Citizens' Watch, Boris Pustyntsev, a souligné "le rôle central des juges dans le processus de réorientation des jeunes délinquants racistes", expliquant ses propres activités de formation au sein du système judiciaire. Il a relevé "l’insuffisance de la législation russe en matière de crimes racistes".

Le gouvernorat de Saint-Pétersbourg avait préparé du matériel pédagogique sur le multiculturalisme de la ville, exhortant le public à comprendre que "cette consultation ne traite pas de farces enfantines ou d'une perversion du nationalisme, la question qui est soulevée est celle du terrorisme".

Les organisateurs ont déclaré que la concertation de Saint-Pétersbourg est "la première d’une série qui se poursuivra dans d’autres pays européens confrontés aux problèmes du racisme, de la haine et de la violence au sein de la jeunesse... qui se tiendra à nouveau chaque printemps dans le cadre du programme de l’université d’Etat pour le développement de la tolérance".


Ce projet recevra l’appui de "Magenta" - une organisation hollandaise des droits de l’homme orientée sur la cyberhaine - en collaboration avec Citizens' Watch et le Centre Simon Wiesenthal - Europe.

De même, le lien avec le réseau "Football contre le racisme en Europe" (FARE) sera renforcé à travers les projets de recherche de l’Université en sociologie du sport et sera transmis au département Jeunesse et Sport de l’Unesco en vue de la prochaine Coupe d’Europe de l’UEFA, qui aura lieu en Ukraine et en Pologne en 2012.

Le Centre Wiesenthal a mis à la disposition du département de la police de Saint-Pétersbourg son court-métrage "SkinHitler", lauréat du prix Clio, et son CD-Rom "Facebook, YouTube+ : Quel est l’impact des réseaux sociaux numériques dans la propagation de la haine et du terrorisme" .

Etaient également présents à cette concertation, des représentants des consulats généraux à Saint-Pétersbourg de la Grande-Bretagne, des Pays-Bas et de la France, qui ont tous approuvé la poursuite du programme de la concertation en développant des stratégies pour la maîtrise de l’incitation à la haine.