« Nous espérons que l’Unesco fera son possible pour qu’Israël réintègre l’Organisation. »

 

Zoom, le 9 juillet 2020

 

Ce concours annuel d’essais, coorganisé par le Centre Simon Wiesenthal-Europe (CSW), Verbe et Lumière-Vigilance (VLV) et le Centre de recherche et d’éducation sur l’Holocauste (Russian Holocaust Centre, RHC), récompense chaque année cinq étudiants en les invitant à présenter les résultats de leurs recherches au siège de l’Unesco, à Paris.

 

Cependant cette année, en raison de la pandémie, cette 16e cérémonie s’est déroulée virtuellement, à l’aide de la plateforme Zoom.

 

Les lauréats viennent de Cracovie (Pologne), Baranavitchy (Biélorussie), Barnaoul, Kemerovo et Saint-Pétersbourg (Russie).

 

9 July 2020
De gauche à droite et de haut en bas : Shimon Samuels (directeur des Relations internationales du CSW), Sheila Ryan (CSW-Europe, Paris), Daria Pavlovskaya (Baranavitchy), Sofya Shestakova (Kemerovo), Rabbi Stephen Berkowitz (Barcelone), Harriet Tamen (New York), Vadim Kantorov (Paris), Ilya Altman (RHC, Moscou), Galina Lochekhina (Cracovie), Alex Uberti (CSW-Europe, Paris), Sofia Klenova (Barnaoul), Richard Odier (VLV et CSW-France, Paris), Jens Streckert (délégué de l’Allemagne à l’Unesco), Maria Frolova (Saint-Pétersbourg), Maria Gileva (RHC, Moscou), Amb. Alexander Kuznetsov (délégué permanent de la Russie à l’Unesco), Graciela Vaserman-Samuels (Unesco), Evelyne Monas (VLV, Paris), Yaron Gamburg (chef de mission adjoint à l’ambassade d’Israël, Paris), Martha Langer (membre du CSW-Europe).

 

Assistaient à la cérémonie les délégations permanentes auprès de l’Unesco de la Fédération de Russie et de l’Allemagne, ainsi que le chef de mission adjoint à l’ambassade d’Israël chargé des organisations internationales en France.

 

Shimon Samuels, directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, a ouvert la séance. Il a retracé l’historique de ce projet initié il y a seize ans… Graciela Vaserman-Samuels a ensuite accueilli les lauréates au nom de l’Unesco, exprimant le souhait que, l’année prochaine, la situation permette aux gagnants de se rendre comme à l’accoutumée à Paris.

 

Alexander Kuznetsov, ambassadeur de Russie, a rappelé que « cette année marque le 75e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie. 40 % des six millions de Juifs assassinés étaient des citoyens soviétiques. Les prochains en lice planifiés pour l’extermination étaient les Slaves. Aujourd’hui, antisémitisme, racisme et haine continuent de se propager. C’est pourquoi nous devons promouvoir l’enseignement de l’Holocauste et préserver la mémoire des héros et des victimes ».

 

Yaron Gamburg, chef de mission adjoint à l’ambassade d’Israël, a déclaré que, « en tant que petit-fils de rescapés et de ceux qui n’ont pas survécu, j’appréhende l’Holocauste non pas seulement comme un épisode de l’Histoire, mais comme un héritage pour aujourd’hui et demain… Israël n’est plus membre de l’Unesco parce qu’il a été stigmatisé, de la même façon que les Juifs l’ont été au cours des siècles ».

 

Richard Odier, président de Verbe et Lumière-Vigilance et du Centre Simon Wiesenthal-France, a cité Franz Kafka : « Dans le combat entre le moi et le monde, il faut choisir le monde. » Il a indiqué que, « maintenant, c’est exactement ce que des milliers d’étudiants font. La leçon universelle de la Shoah appartient à l’avenir. Elie Wiesel et Simon Wiesenthal ont bien souligné que ‘‘l’indifférence est la pire chose qui soit sur terre’’. C’est pourquoi nous devons intervenir quand des vies humaines sont en danger. Que cette décennie soit une période de paix, de santé et d’entente cordiale ».

 

Le rabbin Stephen Berkowitz, qui officie dans les communautés de Barcelone, Montpellier et Toulouse, a rappelé aux participants qu’« aujourd’hui, le 17 Tamouz du calendrier hébraïque, est un jour de jeûne qui commémore plusieurs tragédies de l’histoire juive, dont la destruction du Temple de Jérusalem ». Il a expliqué que les initiatives commémoratives de l’Holocauste « ont évolué du particulariste à une échelle plus universelle et inclusive. Tous les groupes de victimes du nazisme deviennent solidaires et se rejoignent pour s’identifier et partager l’expérience de la Shoah. Cette alliance transversale encourage les commémorations et l’enseignement de l’Holocauste – c’est une obligation morale vis-à-vis des générations futures ». Le rabbin a énuméré l’essor d’initiatives significatives mises en œuvre en Espagne et en Catalogne, telles les Routes de la mémoire dans les Pyrénées, routes que des Européens fuyant le nazisme ont empruntées pour échapper à l’Holocauste. Il a aussi souligné la valeur des publications, témoignages et programmes culturels pour une meilleure prise de conscience et un enseignement plus approfondi.

 

Vadim Kantorov, ingénieur originaire de Iekaterinbourg et qui vit maintenant à Paris, a exposé sa quête d’identité et la campagne qu’il mène, en collaboration avec le Centre Wiesenthal, contre les affichettes antisémites placardées à travers la capitale. « Alors que les banques enlèvent immédiatement les stickers et les graffitis anticapitalistes, ils ne réagissent pas assez vite pour enlever tout ce qui a trait à l’antisémitisme et à l’antisionisme… Seul le Centre Simon Wiesenthal m’a secondé dans ce combat… »

 

Ilya Altman, coprésident du Centre de recherche et d’éducation sur l’Holocauste et professeur à l’Université russe d’État pour les humanités, a rappelé « la genèse de ce concours d’essais et le succès universitaire dont il jouit de plus en plus au niveau international – en collaboration avec CSW-Europe et VLV ». Il a évoqué « le projet de publier une compilation des essais qui montrera leur évolution, leur développement et les points d’intérêt étudiés au fur et à mesure des années ». Il a enfin annoncé « un nouveau cours de maîtrise, unique en son genre : un programme sur la mémoire et sur l’histoire de l’Holocauste et des génocides. Ce cours sera donné à l’université de Moscou dans le but de former de futurs diplomates et enseignants ». En conclusion, il a suggéré que « les lauréats sélectionnés cette année reflètent la pertinence internationale des leçons de l’Holocauste ».

 

Puis il a présenté les cinq lauréates (le lien vers les résumés de leurs essais, en anglais, est affiché en bas de page).

 

Galina Lochekhina, étudiante en maîtrise à l’université Jagiellonian (Cracovie, Pologne) : « Un cadeau pour Anita : l’histoire d’une immigration au Brésil »

 

Daria Pavlovskaya, étudiante à l’université d’État de Baranavitchy (Biélorussie) : « Formation à la tolérance basée sur l’étude de l’histoire de l’Holocauste dans la région de Baranavitchy »

 

Sophia Klenova, étudiante à l’université d’État d’Altaï (Barnaoul, Russie) : « L’Holocauste et sa perception dans la communauté internationale, 1961–2018 »

 

Maria Frolova, étudiante en maîtrise à l’École d’économie supérieure de Moscou – Université nationale de recherche (Saint-Pétersbourg, Russie) : « L’image de l’Holocauste dans les films de la République démocratique allemande et de la République fédérale d’Allemagne (1950-1990) en tant qu’instrument de la politique de la mémoire »

 

Sofya Shestakova, étudiante à l’université d’État de Kemerovo (Russie) : « Le négationnisme en tant qu’instrument de ‘‘puissance douce’’ de la République islamique d’Iran »

 

Alex Uberti, chef de projet au CSW-Europe, a ensuite donné la parole aux internautes.

 

>Me Harriet Tamen, cofondatrice de Verbe et Lumière-Vigilance, a déploré « le manque de connaissances sur l’Holocauste chez les jeunes et la perception grandissante que la Shoah est reléguée au rang d’histoire ancienne ». Elle a salué cette initiative en tant qu’« instrument rare et vital pour sensibiliser, bâtir un sens des responsabilités envers l’Histoire et pour les générations futures ».

 

M. Jens Streckert, représentant de la délégation allemande auprès de l’Unesco, a souligné « la pertinence de ce concours, plus que jamais tandis que nous faisons face à une recrudescence de l’antisémitisme, du racisme et de la xénophobie. À l’heure où les rescapés et les témoins disparaissent, que de jeunes gens s’impliquent ainsi pour entretenir la mémoire est très encourageant ». Il a exprimé son soutien total à ce genre d’initiative, l’a saluée pour sa portée internationale et pour la variété des sujets traités par les lauréates ».

 

Richard Odier a remercié les participants et a réitéré son souhait que « l’Unesco prenne les mesures qui s’imposent pour qu’Israël réintègre l’Organisation ».

 

Shimon Samuels a clos les débats avec l’espoir que les futurs lauréats célébreront « l’an prochain à Paris ! » 

 

2020_abstract01_Galina_Lochekhina.pdf
2020_abstract02_Daria_Pavlovskaya.pdf
2020_abstract03_Sophia_Klenova.pdf
2020_abstract04_Maria_Frolova.pdf
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