Trois villes candidates au Patrimoine mondial de l’Unesco

   

Moisés Ville 

Depuis 2017, Le Centre Simon Wiesenthal, avec le soutien de Verbe et Lumière - Vigilance, promeut la candidature de Moisés Ville, un village 600 km au nord de Buenos Aires (Argentine), sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.

L’initiative est lancée en reconnaissance à l’Argentine qui a accueilli et absorbé des réfugiés juifs qui, à leur tour, lui ont rendu la pareille en devenant des citoyens loyaux et productifs…

Moisés Ville fut fondée en 1889 par l’ICA (la Jewish Colonization Association) du baron de Hirsch à l’intention des migrants juifs fuyant les pogroms de Russie et d’Ukraine.

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La coopérative agricole “Baron de Hirsch” (photo Jewish Tours Bueno Aires) ;
la communauté juive de Moisés Ville (photo Kedem Auction House).

L’initiative d’inscription de Moisés Ville sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco bénéficie du soutien du Gouvernement argentin, de l’Organisation des Etats américains (comptant 35 pays) et de la Coalition des villes latino-américaines et caraïbes contre le racisme, la discrimination et la xénophobie (Coalition LAC), entité qui regroupe 90 villes membres.

 

Sosúa 

Lors d’un rassemblement international d’experts qui s’est tenu à Evian-les-Bains, à la date du 80e anniversaire de la fameuse conférence de 1938 sur les réfugiés juifs fuyant le nazisme, une autre ville a été identifiée comme candidate au Patrimoine mondial de l’Unesco, Sosúa, un village côtier de la République dominicaine.

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Plaque de l’Hôtel Royal d’Evian-les-Bains commémorant la Conférence de 1938.

Des trente-deux pays représentés à Evian en 1938, trente et un ambassadeurs ont pris la parole pour expliquer pourquoi ils n’accueilleraient pas de Juifs. Un seul, la République dominicaine, a offert cent mille visas à des fermiers allemands juifs célibataires. Malgré le fait qu’il y avait très peu d’agriculteurs parmi les Juifs, quelque cinq cents d’entre eux ont pu émigrer après que la guerre eut éclaté – c’étaient les derniers Juifs à pouvoir quitter l’Europe. A leur arrivée en République dominicaine, on les a envoyés à Sosúa, où ils y ont fondé des coopératives.

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La coopérative “Casa Grande - Dorsa” ;
des élèves de l’école célèbrent les 20e anniversaire de la ville (photo Sosúa Virtual Museum).

Sosúa représente un parcours symbolique : de l’impuissance totale des Juifs en 1938... jusqu’au moment où ils ont retrouvé leur histoire, leur géographie et leur souveraineté, en 1948… et enfin, jusqu’à ce jour, où des équipes d’assistance technique dépêchées par l’Etat d’Israël aident régulièrement des projets de développement en République dominicaine.

 

Krasnaya Slobodna/Qirmizi Qesebe

 

En novembre 2018, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, et la conseillère auprès de la directrice générale de l’Unesco, Graciela Vaserman-Samuels, étaient invités par S.E. Rahman Mustafayev, ambassadeur d’Azerbaïdjan en France, à participer, avec une délégation française, au 6e Forum international de Bakou, intitulé « Former un nouveau monde et un nouvel être humain : créativité et développement humain ».

Le travail interconfessionnel du Centre Wiesenthal est connu partout en Azerbaïdjan, grâce aux activités novatrices de Rabbi Abraham Cooper, directeur de l’Action sociale mondiale du Centre.

Ainsi, en discutant au cours du Forum avec le ministre azéri de la Culture, le chef de la communauté juive caucasienne locale, le directeur adjoint de l’Unesco, l’expert en matière de patrimoine culturel du Conseil de l’Europe et l’ambassadeur d’Azerbaïdjan à l’Unesco, l’idée a germé de proposer le village de Qırmızı Qəsəbə au statut de Patrimoine mondial de l’Unesco. La particularité de ce village, situé à quelque 160 kilomètres de Bakou, est qu’il abrite une population presque exclusivement juive.

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La synagogue restaurée de Qırmızı Qəsəbə (autrefois connue,
en russe, sous le nom de Krasnaya Sloboda).

Cette proposition est sujette à de plus amples discussions entre la communauté, le gouvernement azéri et l’Unesco. Son succès soulignerait l’engagement d’un pays musulman à tendre vers une harmonie multiculturelle, et servirait d’exemple. Il montrerait aussi qu’il est un ami proche d’Israël.

Dans chaque cas, à des périodes différentes de l’Histoire, ces villages ont représenté le chaleureux accueil réservé par le pays hôte aux fugitifs fuyant les persécutions, leur assimilation réussie et leur fierté d’appartenir à leur nouvelle patrie – chacune pouvant servir de modèle aux migrants et réfugiés d’aujourd’hui. Ce sont trois exemples parmi des centaines d’autres d’assimilation réussie. Ces populations ne se sont pas arrêtées au stade de l’admission, mais ont franchi un pas de plus jusqu’à l’intégration. Ce sont des modèles à suivre, les pratiques les meilleures pour les défis d'aujourd'hui.

Le Centre Wiesenthal, avec le soutien de Verbe et Lumière - Vigilance, continue à identifier d’autres villes et villages ailleurs dans le monde, où les Juifs ont été accueillis et ont pu prospérer dans leurs pays hôtes, afin de promouvoir d’autres candidatures exemplaires au Patrimoine mondial de l’Unesco.